Tres ancienne boite à priser de poche, en bois noble noirci (couvercle en damier, certainement maçonnique). Une tabatière de poche doit être plate et de petite dimension afin de tenir aisément dans la poche.
Sa forme doit aider la main à la tenir horizontale ; son ouverture doit être suffisante pour permettre la pincée de deux doigts et sa fermeture parfaitement étanche afin d'éviter toute humidité non désirée. Le tabac à priser, quelque peu exotique, était principalement réservé aux narines délicates des aristocrates, puis des bourgeois alors que la chique ne pouvait convenir qu'aux bouches les plus rustres. On prisa donc dans un premier temps pour se soigner puis pour le plaisir. Homme prisant avec sa tabatière à la main. Priser du tabac devint très répandu en Europe et dans les salons européens il était fréquent d'être interrompu dans sa conversation par le son d'un éternuement, alors considéré comme distingué.Les femmes prisaient avec autant d'ardeur que les hommes. Il était de bon ton de changer de tabatière chaque jour. Celles-ci s'adaptaient volontiers aux vêtements comme aux états d'âme de leur propriétaire. Extraites de la poche ou d'un petit sac, on les passait de main en main dans les salons, ce qui permettait de déterminer le rang social et la richesse du propriétaire. De ce fait, les tabatières très souvent décorées devinrent le dernier accessoire à la mode mais aussi un important symbole de statut social.
À ce titre, la tabatière était souvent offerte comme cadeau ou portée en tant que bijoux. Elles s'offraient volontiers en gage d'amour avec le portrait de l'être aimé, ou pour signifier son amitié.Les modèles précieux, remplis d'argent ou de pierres précieuses se transformaient en cadeaux diplomatiques ou militaires. Le roi Louis XIV, qui n'était pas priseur, en faisait faire de nombreuses et des plus coûteuses, pour les offrir aux représentants des puissances étrangères auxquels il avait à faire.
Les tabatières étaient alors principalement faites d'or rehaussé de pierres précieuses, d'argent, en émail, en nacre, en porcelaine, en laque d'orient ou en vernis Martin (imitation de laque). Avec le temps et l'essor de sa culture (le tabac en poudre des fermiers généraux fabriqué principalement à Morlaix était très apprécié), le tabac devint de plus en plus populaire pour finalement toucher toutes les couches de la société. Ainsi, à la Révolution, la tabatière n'est plus réservée aux gens riches, le tabac s'est démocratisé et le peuple prise. La tabatière devint également le signe de ralliement des sans-culottes et fut grandement utilisée par l'armée.
L'or fut remplacé par le « pomponne », mis au point par deux orfèvres, Turgot et Daumy, installés à la fin du xviiie siècle dans l'hôtel de Pomponne, rue de la Verrerie à Paris. Il s'agit d'un alliage à base de cuivre destiné à imiter l'or ou l'argent. Louis XV leur accorda un privilège de fabrication, alors que jusqu'alors, toute imitation était interdite. De nouveaux matériaux virent le jour : papier mâché, cuir, écorce...
La servante, la lavandière, comme le plus pauvre des paysans avaient également leur « boîte à priser ». Ainsi, d'abord vendu chez les seuls apothicaires, le tabac fini par trôner derrière les comptoirs d'épicerie avant de rejoindre certaines maisons de jeux et débit de boissons nommés "tabagies". Il existe de nombreuses formes et tailles de tabatières, soit de poche soit de table, selon son utilisation à l'extérieur ou à l'intérieur.